Atelier de restitution des résultats issus des consultations dans la région du Bounkani

Atelier de restitution des résultats issus des consultations dans la région du Bounkani

Atelier de restitution des résultats issus des consultations dans la région du Bounkani

Les zones frontalières de la Côte d’Ivoire avec le Burkina-Faso et le Ghana sont affectées, par endroit, depuis quelques années, par des tensions de cohabitation communautaire. Celles-ci sont portées par des luttes foncières et des conflits de cohabitation entre activités agricoles et pastorales, cristallisant fortement les ressentimentsautour de certains groupes de populations. Ces dynamiques, si elles ne sont pas efficacement adressées pourraient  servir de terreau à extrémisme violent. Ce, d’autant plus que les pays voisins du sahel sont depuis de longues années déjà en proie au phénomène, et que certaines localités de la région semblent être dans le viseur vde ces groupes pour avoir été à différentes reprises la cible de leurs attaques.

C’est dans ce contexte, qu’avec l’appui de la Fondation Bosch, Indigo Côte d’Ivoire est engagée depuis janvier 2022, dans la  facilitation de la co-construction, par le dialogue et la concertation, d’une compréhension locale partagée des défis et opportunités à la paix et la cohésion sociale dans 6 communautés frontalières. Ce processus a vocation, à terme, de déboucher sur l’identification et l’accompagnement d’initiatives communautaires promouvant la paix et la cohésion sociale, afin d’atténuer le risque de basculement dans la violence à relents communautaires et d’incursion de groupes extrémistes.

Dans le Bounkani, au Nord-est de la Côte d’Ivoire, cette analyse des  conflits récents dans la région du Bounkani a permis de mettre en lumière les défis suivants : :

  • La crise de la gouvernance foncière ;
  • La lutte du pouvoir et les fractures sociales inter/intracommunautaires et intergénérationnelles ;
  • Les tensions dans les rapports entre représentants de l’Etat et communautés
  • La délégitimation de l’Etat et de ses représentants ;
  • La résilience des jeunes par l’orpaillage ;
  • Les ressentiments des communautés autour de la figure de l’Etat ;
  • Le développement d’activités de reconversion.

Afin de valider les résultats de cette réflexion et approfondir la compréhension autour des dynamiques locales de fragilisation de la cohésion sociale, un atelier de restitution s’est tenu du 17 au 18 Octobre 2023 à Bouna. Dans l’ensemble, c’est une quinzaine de personnes y compris les sous-préfets de Ondouo(intérimaire de celui de Bouna) et de Niamoué(intérimaire de celui de Doropo) qui ont pris part à l’atelier.Celui-ci  a non seulement permis aux communautés de se parler, mais a également permis de déterminer qu’une crise de confiance communautaire profonde est la cause des problèmes qui minent cette région.

Par ailleurs, les différents échanges ont permis de consolider les résultats des recherches préalablement effectuées par l’équipe d’Indigo.Les discussions ont donc permis de mettre en évidence :

  • Une perte de crédibilité de certaines autorités traditionnelles
  • Une absence d’action collective au sein de la communauté (surtout au niveau des associations de jeunes) ;
  •  Une volonté d’autonomisation des jeunes qui se structurent pour la plupart autour de l’orpaillage artisanal ou « clandestin » ;
  • Une crainte partagée quant à la possibilité de basculement des jeunes orpailleurs « clandestins » dans le terrorisme. Cette inquiétude est très perceptible dans les propos ci-après de l’un des participants : « partout en Afrique on a remarqué que, les sites d’orpaillage sont des lieux de recrutements pour les djihadistes. Et les jeunes qui travaillent là-bas, se radicalisent facilement. Nous devons donc penser à notre jeunesse du Bounkani qui est beaucoup dans l’orpaillage. Parce que ce n’est pas Doropo seulement, il y a Bouna, Téhini, Kalamon. Nassian a refusé. Mais presque tout le Bounkani est dedans. Il faut penser à ça, pour ne pas que demain, on arrive à là, une radicalisation de notre jeunesse, ce qui serait très grave ».

Des tensions entre jeunes et représentants de l’Etat qui seraient liées à une incompréhension voire une méconnaissance des actions de l’Etat.


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